- guêtre
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♢ Loc. Ça lui va comme des guêtres à un lapin, très mal (cf. Comme un tablier à une vache). — Traîner ses guêtres (quelque part) :flâner, errer oisivement. « Le gringalet à chevelure ébouriffée m'a l'air d'avoir traîné ses guêtres aux Cours de la Sorbonne » ( Balzac).Synonymes :- jambièreguêtren. f. Jambière d'étoffe ou de cuir.— (Belgique) Avoir (qqch ou qqn) à ses guêtres, être contraint de subvenir à ses besoins, l'avoir à ses dépens.⇒GUÊTRE, subst. fém.Enveloppe de cuir ou d'étoffe qui recouvre le haut de la chaussure et le bas ou l'ensemble de la jambe. Synon. houseau. Boutonner, chausser, mettre ses guêtres. L'étrier était pris entre ma guêtre et mon soulier (ABOUT, Grèce, 1854, p. 144) :• ... on peut observer, de l'Espagne à l'Iran, l'existence d'une pièce de vêtement, la guêtre de feutre ou de cuir, rendue indispensable par les taillis et broussailles...VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 129.[P. allus. hist. : formule employée par le maréchal Lebœuf à la déclaration de guerre en 1870] Nous sommes archiprêts : il ne manque pas un bouton de guêtre.— Loc. verb., au fig.♦ Traîner ses guêtres. Flâner oisivement, errer misérablement. Le gringalet à chevelure ébouriffée m'a l'air d'avoir traîné ses guêtres aux Cours de la Sorbonne (BALZAC, Début vie, 1842, p. 352).♦ Vx ou vieilli. (Y) laisser ses guêtres. (Y) mourir. Tirer ses guêtres. S'en aller. (Dict. XIXe et XXe s.).REM. Guêtron, Subst. masc. Guêtre courte. Volpatte avec ses guêtrons, sa couverture sur les épaules... (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 253).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a)1426 guestes plur. (J. DE COURCI, Le chemin de Vaillance, De l'ymage de Traveil ds Romania t. 27, p. 587); b) 1432 guietres (Le Journal d'un bourgeois de Paris sous Charles VI, éd. A. Tuetey, 282). Prob. de l'a. b. frq. wrist « cou-de-pied », d'où sans doute « vêtement couvrant cette partie du corps », que l'on peut restituer d'apr. le m. h. all.rist « cou-de-pied », le m. néerl. gewreste « id. », all. Rist « id. ». Le traitement phonét. w- > gu- parle en faveur de cette étymol., bien que le mot guêtre soit attesté relativement tard; on peut penser qu'il est resté confiné pendant assez longtemps dans la langue rurale. Fréq. abs. littér. : 244. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 239, b) 579; XXe s. : a) 367, b) 302. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 201, 377; t. 3 1972 [1930], p. 109, 115, 135, 326. - VISING (J.). Deux étymol. fr. Göteborg, 1910.
guêtre [gɛtʀ] n. f.ÉTYM. 1538, guestre; 1432, guietre; guestes, 1426; p.-ê. du francique wrist « cou-de-pied », selon Bloch.❖1 Enveloppe de tissu ou de cuir qui recouvre le haut de la chaussure et parfois le bas de la jambe. ⇒ Chausse. || Une paire de guêtres. || Sous-pied d'une guêtre. || Chausser, mettre, lacer, boutonner ses guêtres (→ Cordon, cit. 1). || Guêtres de chasse en cuir. ⇒ Houseau, jambière. — Demi-guêtres de ville en drap. || Demi-guêtres de modèle militaire.1 Il portait des souliers cachés par des guêtres, faites sur le modèle de celles de la garde impériale, et qui lui permettaient sans doute de garder les mêmes chaussettes pendant un certain temps.Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 527.2 (…) ce sont les boursiers qui ont les premiers porté la guêtre et le soulier; le sous-pied les gênait pour monter en courant les marches de la Bourse (…)Flaubert, Correspondance, 456, 29 janv. 1854, t. IV, p. 22.3 (…) elles chaussaient des lanières rappelant le cothurne selon Talma, ou de hautes guêtres rappelant celles de nos chers combattants (…)Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 723.♦ Allus. hist. || « Nous sommes archiprêts; il ne manque pas un bouton de guêtre », paroles attribuées au maréchal Lebœuf, ministre de la Guerre en 1870, au moment de la déclaration de guerre.2 ☑ Loc. fig. (Vx). Tirer ses guêtres : s'en aller, partir. — ☑ (1842, D. D. L.). Mod. Traîner ses guêtres (quelque part), y aller (en flânant, en y étant conduit par les circonstances). || J'ai traîné mes guêtres un peu partout en Europe.4 Au cinéma, bien mieux encore que dans les livres, j'ai appris également que l'homme fort ne traînait pas ses guêtres n'importe où. Qu'on avait peu de chances de le rencontrer sur un sentier parfumé de Normandie ou dans les ruelles confites d'ennui de Clermont-Ferrand. L'homme fort exige des lieux à la mesure de sa force.Annie Leclerc, Parole de femme, p. 27 (1974).♦ ☑ Vx. Laisser ses guêtres quelque part, y mourir.❖DÉR. Guêtrer, guêtron.
Encyclopédie Universelle. 2012.